Chine: le pont Sitong sous surveillance après l’affichage de banderoles contre Xi Jinping

Il y a six jours, un homme déguisé en ouvrier accrochait des banderoles sur un pont routier à Pékin: des slogans contre la politique sanitaire et surtout contre le président chinois Xi Jinping, qui s’apprête à se voir accorder un troisième mandat. Arrêté, l’homme a disparu, comme d’ailleurs les images et les commentaires relatifs à l’événement, totalement censurés sur les réseaux chinois.

Officiellement, il ne s’est rien passé jeudi dernier sur le pont Sitong. Comme il y a 33 ans, pour l’étudiant qui avait tenté d’arrêter les chars place Tiananmen, Peng Lifa, alias Pen Zhaishou, s’est volatilisé depuis son arrestation, et les autorités font tout pour effacer l’incident.

Des comptes WeChat ferment à tour de bras, sans compter des menaces envers tous ceux qui partagent la photo du viaduc routier. Un nouveau métier a également fait son apparition : gardiens de pont. Et dans le quartier, il y a également une mobilisation sans précédent des forces de sécurité.

« Il y avait beaucoup de gardes la semaine dernière. Et il y en a beaucoup plus que lors des précédents Congrès du parti. Vous voyez, derrière le pilier là, c’est une tente et il y a un garde en permanence. Mais bon, je n’ai pas trop prêté attention à ce qui s’est passé sur le pont. J’ai vu des messages dans un chat de groupe », raconte un pâtissier.

S’il ne s’est rien passé, pourquoi autant de policiers ? Pourquoi surtout autant de regards fuyants quand on demande aux badauds, qui ont pour la plupart vu la scène, de raconter ?

En remontant l’avenue Zhonguancun, on compte des dizaines de policiers en uniforme et en civil, sans parler des milices citoyennes. Sur les pylônes, sur les arbres, les drapeaux rouges des comités de quartier sont de sortie : « Sécurité du district de Haidan », disent les bannières, les gens ordinaires préviennent et contrôlent la position.

« L’armée des petits pieds »

« Ces volontaires sont tous des travailleurs licenciés ou des retraités. On appelle cela l’armée des petits pieds, explique M. Wang qui est chauffeur de taxi. Chaque mois, ils reçoivent entre 450 et 700 euros. Ils ont mis des gardiens sur les ponts, c’est comme sur la ligne de chemin de fer entre Beijing et Tianjing. Moi, personnellement, je me garderais bien de ce genre d’action. Même si j’ai très envie de critiquer les autorités, j’aurais peur pour mes pensions. »

Une inquiétude partagée par les associations des droits de l’Homme qui évoquent la disparition de « Tankman 2022 » : Écrire son nom, partager sa photo sur le pont ou mettre des commentaires sur le sujet peuvent entraîner son arrestation.

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