Le campus du lac de l’Université de Goma a accueilli ce mercredi 02 Octobre 2024, une grande conférence débat aux échanges houleux entre jeunes venus des différentes universités et autres mouvements sociaux, pour parler des enjeux de la migration et de la mobilité en République Démocratique du Congo.
Pour donner le ton à cette activité, Initiative Construire ensemble, plateforme organisatrice de l’événement, a jeté son dévolu sur trois panelistes à savoir.
Maître Félicité Mugombozi, chercheur en droit international public et chef de travaux à la faculté de droits de l’université libre des pays de grands Lacs. ULPGL en sigle ; Jacinthe Maarifa, politologue de formation et chercheur à Afrikapable ; et Jonas Sindani, PhD en droit de l’Université de Louvain. Entre fuite et circulation des cerveaux.
Martelant son exposé sur l’impact de la mobilité des travailleurs qualifiés sur l’économie, le développement et la démographie de pays hôte et d’origine, Me. Félicité est revenue sur les causes profondes des mouvements migratoires. Pour elle, « Dans la plupart des pays en conflit, les travailleurs qualifiés ne partent pas de leur propre gré ; ils partent parce qu’il ont peur d’être persécutés, ou qu’il y ait des violations des droits de l’homme».
Si cette mobilité des travailleurs qualifiés profite aux pays d’accueil en simulant la capacité d’innovation, elle laisse malheureusement un déficit en capital humain intellectuel dans les pays d’origine.
D’où le concept fuite des cerveaux.Toutefois, il serait nécessaire pour les États, surtout africains, de développer des cadres régionaux de coopération et de reconnaissance mutuelle des compétences afin de sortir de l’étape de fuite ou exode des cerveaux à la circulation des cerveaux en Afrique.
A-t-elle ajouté Partant d’une expérience personnelle pour parler des enjeux de la mobilité étudiante internationale et son impact sur les développements des pays, Maître Jonas Sindani estime que “Quitter son pays pour aller effectuer ses études à l’étranger est avant tout une nécessité avant d’être finalement un choix. »
L’insuffisance des ressources financières, le manque de matériels d’apprentissage et la baisse considérable de la qualité d’enseignement sont, pour lui, des facteurs favorisant cette mobilité estudiantine à l’étranger, a-t-il poursuivi avant de conclure sur des pistes de solutions, notamment la prise en charge de étudiants à l’étranger par le gouvernement et la délocalisation des enseignants.
Quid des responsabilités des États
La déconstruction des imaginaires longtemps construits autour du concept « migration » a été le point de départ de l’intervention du politologue et chercheur, Jacinthe Maarifa, dans son exposé sur la sécurité des frontières et politiques migratoires en RDC, avant de concentrer sa réflexion sur les responsabilités des états à sécuriser les populations vivant sur son sol et à la construction des institutions fortes.
«Lorsque nous aurons des institutions de qualité, nous attirerons aussi des migrants, lorsque nous aurons des institutions de qualité, nous partiront parce qu’on est envoyé et non parce qu’on fuit, lorsque on aura des institutions de qualités nous serons fiers de notre citoyenneté lorsque nous aurons des institutions de qualité, nous serons un État» a-t-il déclaré avec assurance.
Pour rappel, le collectif Initiative construire Ensemble est un groupe des jeunes leaders intellectuels et professionnels de la République Démocratique du Congo, engagés dans des actions communautaires et s’intéressent aux relations de coopération entre la RDC et ses partenaires.Réunis en réseau, ils donnent la voix à la jeunesse Congolaise en mettant en place une plateforme d’expression afin de promouvoir leurs initiatives.
Par Patient Rwamigabo
