129 morts. C’est le bilan qu’a dressé le vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur et de la Sécurité dans la soirée de ce lundi. C’est après la tentative d’évasion dans le centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa, très connu sous le nom de la prison centrale de Makla, qui a tourné au drame, laissant des victimes derrière.
Jacquemin Shabani, sous instruction de sa hiérarchie, a procédé à la convocation d’une réunion d’urgence ce même lundi avec les membres des services de défense et de sécurité, à l’issue de laquelle le bilan officiel provisoire a été dressé. « Le bilan provisoire sur le plan humain s’élève à 129 morts, dont vingt-quatre par balle, après sommation, les autres par bousculade, étouffement et quelques femmes violées. » a déclaré le vice-premier ministre.
Cette même commission mise en place dans le cadre de la réponse à cette tragédie a enregistré quelque 59 blessés qui, selon le ministre de l’Intérieur, sont pris en charge par le gouvernement pour des soins appropriés.
Sur ce lourd bilan humain, s’ajoute le côté matériel qui n’a pas été épargné par ces événements macabres. « Sur le plan matériel, on déplore l’incendie des bâtiments administratifs, du greffe, de l’infirmerie et des dépôts de vivre. » A-t-il poursuivi avant d’annoncer que le gouvernement se « réjouit » du calme qui serait retrouvé et a présenté ses condoléances aux familles ayant été touchées par ces drames.
Ces incidents ne cessent de faire parler d’eux-mêmes : au lendemain de cette déclaration officielle, les langues se délient. Hommes politiques, analyste politique… tout le monde tente de trouver une explication logique à ce qui s’est réellement passé. Impuissante, la majeure partie d’entre eux ne se contente que de dénoncer ces actes barbares.
« Je condamne avec la plus grande fermeté l’assassinat brutal des prisonniers à la prison de Makala ». Ces exécutions sommaires sont un crime inacceptable qui ne peut rester impuni. J’exige que toute la lumière soit faite sur ce carnage et que les responsables soient traduits en justice. Le respect de la vie humaine et de la dignité doit primer en RDC. » S’est exprimé Martin Fayulu, opposant du régime en place et candidat malheureux à la présidentielle de 2023.
Un des responsables de la prison a tenté de donner une explication à ces événements. « Hier [dimanche], la prison de Makala hébergeait 15 005 détenus. » L’établissement était plongé dans l’obscurité en raison d’une panne d’électricité. Les troubles ont débuté dans le pavillon 4, où les prisonniers ont tenté de forcer la porte en raison de l’étouffement et de la surpopulation. Par contagion, d’autres pavillons ont également tenté de s’évader en forçant leurs portes. « Les militaires chargés de la garde ont alors ouvert le feu sans sommation », a indiqué un responsable de ce centre pénitentiaire.
À signaler que depuis un certain temps, la question des conditions carcérales est au centre des préoccupations majeures du ministre de la justice et garde du sceau de la République. Il aurait d’ailleurs amorcé un processus de désengorgement des milieux pénitentiaires qui font d’ailleurs l’objet de sa tournée à l’intérieur du pays, jusqu’au moment du déroulement des événements.
Jospin Chishugi