La réponse aux questions et critiques concernant le statut de l’agence des Nations unies chargée des réfugiés palestiniens est bien plus efficace que de demander sa suppression, comme le fait le gouvernement israélien de Benyamin Nétanyahou.
Rafah, la dernière ville de Gaza à avoir échappé aux massacres et aux destructions massives causés par l’offensive militaire en cours, est aujourd’hui plus menacée par Israël que jamais. D’autre part, une autre cible, cette fois-ci politique, semble en train de fuir le gouvernement de Benyamin Nétanyahou.
L’Allemagne, qui est l’un des principaux contributeurs de l’UNRWA, vient de démontrer que l’aide qu’elle apporte à l’agence des Nations unies chargée des réfugiés palestiniens, l’UNRWA, n’avait pas perdu sa confiance.
Selon l’agence onusienne, le 26 janvier, Israël avait accusé 12 de ses 13 000 employés palestiniens à Gaza d’avoir participé aux massacres de civils israéliens commis le 7 octobre 2023, lors de l’assaut des miliciens du Hamas qui a déclenché la guerre. La nouvelle, basée à l’époque uniquement sur des accusations, avait immédiatement provoqué une vague de désaccords parmi les donateurs internationaux, en premier lieu les États-Unis, tandis que la France s’en était prudente. Il semble que des erreurs individuelles éventuellement commises devaient condamner une agence entière, dont les finances ont toujours été délicats.
Benyamin Nétanyahou s’était introduit dans le conflit en accusant l’UNRWA d’être « complètement infiltrée par le Hamas » et en demandant sa suppression. Selon une stratégie éprouvée basée sur des faits accomplis, le Premier ministre y voyait l’occasion d’une nouvelle attaque contre une institution fondée en décembre 1949 après la première des guerres israélo-arabes, qui avait provoqué l’exode de dizaines de milliers de Palestiniens chassés des territoires conquis par l’État hébreu.
Israël a toujours estimé qu’elle entretenait artificiellement l’un des principaux litiges du conflit qui l’oppose aux Palestiniens : le sort des réfugiés des guerres israélo-arabes de 1948-1949 et de 1967, dont le nombre s’élève aujourd’hui à plusieurs millions. Toutes les négociations qui ont perduré ont été centrées sur la question de leur indemnisation, ou pour certains de leur retour.
Un rapport d’un groupe d’experts indépendants, dirigé par l’ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, a toutefois rejeté une grande partie des accusations israéliennes le 22 avril. En reconnaissant les difficultés liées à la « neutralité politique », ce rapport a remarqué que l’UNRWA « a plus de dispositifs pour garantir cette neutralité » que les autres agences onusiennes.
Il a également souligné que les preuves de ses accusations n’ont toujours pas été fournies par Israël, ce qui démontre que les désistements internationaux ont été pour le moins hâtifs. Selon le rapport, l’UNRWA est considérée comme « irremplaçable et indispensable », mais cela n’a pas convaincu les États-Unis, qui ont suspendu leur contribution jusqu’en 2025, tandis qu’ils viennent d’accorder une nouvelle aide militaire massive à l’État palestinien.
L’attaque contre cette agence, alors que Gaza est confrontée, et depuis longtemps, à une crise humanitaire, voire existentielle, de multiples dimensions, témoigne d’une politique irresponsable de la terre brûlée. Il y a une solution beaucoup plus efficace pour répondre aux questions et aux critiques concernant le statut de l’UNRWA : tout mettre en place, enfin, afin de donner une vision politique à l’horizon aujourd’hui obscurci par la guerre.