Depuis le début du conflit, l’aviation russe n’a pas réalisé de campagne pour défaire la défense anti-aérienne ukrainienne. Contrairement à la doctrine occidentale, qui veut que les avions de guerre participent massivement à l’entrée en premier sur les théâtres d’opérations pour obtenir la maîtrise du ciel, l’armée de l’air de Moscou a été sous-employée et n’intervient que pour des missions ponctuelles sur le champ de bataille.
C’est la surprise de ce conflit : une aviation russe complètement atone. Pourtant, le 24 février, sur le papier, il n’y avait pas photo, pointe les observateurs occidentaux : 1140 aéronefs côté russe, 124 seulement côté ukrainiens, un rapport de 1 pour 10. Si dans les premiers jours de l’invasion, de nombreuses installations ukrainiennes ont été détruites par des missiles Kh-101, lancés depuis des bombardiers stratégiques russes, la manœuvre aérienne s’est très vite étiolée, faute de munitions de précision.
Surtout, les ciblages n’ont pas été à la hauteur, et l’entraînement des pilotes est très vite apparu insuffisant, notent de hauts gradés français. Dans la doctrine russe, l’aviation est une artillerie volante. Mais Moscou n’avait pas anticipé la densité de la défense sol/air ukrainienne, doté de 14 000 missiles occidentaux redoutablement efficaces à basse altitude. Au début de l’été, les Manpads [système portatif de défense antiaérienne] ukrainiens avaient envoyé au tapis 26 avions russes et plus de quarante hélicoptères.
Depuis, l’aviation russe est restée cantonnée à un rôle subalterne et ses chasseurs ont évité de s’engager au-delà de la ligne de front. Mais la coordination avec les troupes au sol s’avère difficile, il y a eu en septembre des tirs fratricides pointent les spécialistes. D’où le changement de stratégie opéré depuis quelques jours avec l’usage massif de drones iraniens kamikazes, seul moyen pour les Russes de frapper dans la profondeur ukrainienne.